Anne et Louise avaient fait la « grasse mâtinée ». Debout à 8 heures, leur première action avait été de réveiller la pauvre Pacota et ses amis. « Cela m’apprendra à faire la fête », avait-elle pensé alors.
- Vous avez bien dormi mes chéries ?
- OUI ! dirent-elles en cœur. On a dormi TRÈÈÈÈS longtemps, t’as vu ? Tu viens te baigner avec nous ? Tu avais promis de jouer avec nous aujourd’hui.
- Si vous me laissez le temps de me réveiller.
- Mais tu es déjà réveillée !
- Je veux dire vraiment réveillée ! Prendre mon p’tit déjeuner quoi, vous comprenez ?!!! Au fait, elle est où maman ?
- Elle est dans la tente. Elle nous a dit d’aller jouer.
- Ah, je vois. Vous avez déjà mangé ?
- Non.
- Vous savez quoi ? On va faire un tour au parc. Il y plein choses que vous adorez : des feuilles, des cônes et des graines de fougères. J’ai même vu des cônes de cycadales[1] Anne, ce sont tes préférés non ?
- Si !
- Ya des ananas ?
- Si, il y en a. Mais Louise, tu sais qu’il te faut manger des feuilles. Tu en as besoin pour que tes dents restent en bonne santé. Allez, on y va.
Sa mère était soulagée de les voir partir avec Pacota. Elle voulait donner une partie de leurs affaires à leur père qui n’allait pas tarder à partir. Cela lui permettrait d’être moins chargée au retour.
Ils avaient décidé de laisser les enfants profiter de cette dernière journée sans trop les inquiéter. Mais il fallait quand même qu’elle prévienne les plus grands.
- Ana, tu as une minute ?
- Oui bien sûr ! Tu as besoin d’aide ?
- Non, j’ai juste quelque chose à te dire.
- J’arrive…
- Tim a retrouvé ses sœurs ! Il va rentrer à Pacoville avec elles. Je pense qu’il y sera déjà lorsque nous rentrerons ce soir.
- Ah ouais ? Et pourquoi il ne m’a pas envoyé un message ? Ça sent le roussi là…
- C’est une opération délicate et il a lancé un S.O.S. C’est pourquoi Pacoli vient juste de s’en aller. C’est possible qu’il nous faille utiliser le nouveau dispositif de sécurité aujourd’hui. Alors on croise les doigts pour que tout se déroule comme durant les tests.
Ana avait du mal à tenir sur ses pattes. Sonia l’aida à s’asseoir et lui apporta de l’eau de coco afin de la remonter un peu.
- Ne t’inquiète tout ira bien. Je voulais juste que tu sois au courant. Et n’en veux pas à Tim s’il te plait, il voulait juste te protéger, tu comprends ?
[1] Sortes de palmiers
Ana resta figée, le regard dans le vide, elle n’arrivait pas à prononcer un seul mot. Des larmes coulaient sur ses joues sans qu’elle ne puisse les retenir. Elle s’imaginait le pire.
Ses amis, qui avaient suivi la scène de loin, vinrent en courant.
- Qu’est-ce qui se passe ?
Sonia leur fit signe de se taire. Ils s’assirent alors à côté d’Ana et restèrent silencieux. Claudia essuya ses larmes tout en la caressant. Ils avaient tous compris qu’il devait s’agir de Tim. Pourquoi serait-elle dans cet état sinon ?
Ana n’avait toujours rien avalé lorsque Pacota revint de sa promenade avec Anne et Louise. Lorsqu’elle remarqua les visages tristes de ses amis, elle proposa aux jumelles d’aller s’amuser sur l’aire de jeux avec Wayan, Clarence et les autres qui s’y trouvaient déjà avec leurs mamans. Puis elle alla rejoindre ses amis. Sans prononcer un mot, elle prit Ana dans ses bras et la serra très fort.
- Tu le savais ? demanda alors Ana, qui n’avait toujours rien bu.
- Oui, je l’ai appris hier soir, mais ne t’inquiète pas tout ira bien.
- J’en ai assez qu’on me dise de ne pas m’inquiéter. J’avais un mauvais pressentiment hier soir, tu t’en souviens ?
- Oui, je sais.
- Je sentais que quelque chose n’allait pas. J’aurais dû y aller avec lui. Je n’aurais jamais dû le laisser partir seul.
Les autres la laissèrent vider son sac. Elle en avait vraiment besoin.