Ma première amie (consciente) s’appelait Véronique. Nous étions dans la même classe au CP, puis du CM1 jusqu’à la 5e. Nous étions « jumelles » : toutes deux filles d’avril, nées le même jour de la même année et nous nous entendions très bien quoi que totalement différentes l’une de l’autre. J’étais très grande et précoce, elle petite et mince. Je faisais partie des meilleurs élèves, elle avait tout juste la moyenne. Mais nous nous entendions à merveilles.
Sa mère travaillait à proximité de là où j’habitais, donc nous allions souvent à l’école ensemble. On se racontait nos vies, nos envies, nos rêves. Elle rêvait de s’engager à la croix rouge. Je trouvais cette idée fascinante. Elle voulait qu’on s’y engage toutes les deux. Cette idée n'avait pas emballé mon père.
J’adorais Véronique ! Et je crois qu’elle m’aimait bien. Où était-ce plus ? Étais-je son amie ? Nos sentiments étaient-ils réciproques ? Elle l’As de gymnastique et moi la « grosse tête »…Je crois qu’ils l’étaient. Nous partagions presque toujours la même table à l’école. Je me souviens d’un évènement émouvant survenu alors que nous étions en 6e : notre professeur de français était tombé malade et avait été remplacé par une jeune collègue qui eut l’idée « géniale » de changer systématiquement les élèves de place dès sa première heure de cours. Elle semblait craindre le bavardage et avoir peur de ne pas être en mesure de tenir nos « cliques » en laisse. Bref, elle fit le malheur de nous séparer. Je tiens à préciser ici que Véronique était sage comme une image et que nous ne bavardions jamais.
Nous avons donc dû changer de place comme notre prof l’avait demandé, mais lorsque nos regards se croisèrent, nous ne pûmes retenir nos larmes, puis nous éclatâmes en sanglots. Inutile de vous dire que la prof nous permis de nous rassoir ensembles.
Finalement, je crois qu’on s’aimait vraiment !
Véronique n’avait pas hésité à m’inviter à passer la journée avec sa famille lorsqu’elle avait reçu la visite de l’un de ses correspondants. Je n’oublierai jamais sa générosité et sa gentillesse.
Puis, en 4e nous avons été séparées. C’était inévitable. J’avais choisi une classe à option (anglais renforcé) et elle une 4e normale. J’allais la rejoindre à la récré, car je n’avais pas encore d’amis dans ma classe, juste des camarades…sans plus.
Véronique a redoublé sa 4e et moi, je suis passée en 3e anglais renforcé. Nous nous voyions toujours à la récré lorsque cela était possible, mais les contacts étaient moins fréquents.
Lorsque je suis rentrée au lycée, nous nous sommes pratiquement perdues de vue. Je n’oublierai jamais ma « sœur jumelle ». Ce qui m’a le plus marquée dans cette amitié, c’est qu’elle était exempte de jalousie, pure, belle et simple. Dommage que nous n’ayons pas, à l’époque, gardé contact. Mais il n’est jamais trop tard pour bien faire, n’est-ce pas ?
Tous droits réservés, Arlène Genviève Müller